À propos

Il serait plus exact de parler d’un « art de la vision » plutôt que de peinture, concernant les « Huiles et Encres » d’Isabelle des Charbinières. Cependant, on décèlera sans peine que, par delà les impressions abstraites qui se déploient en de vertigineuses perspectives, brumes et brouillards des massifs montagneux, arbres des forêts profondes, apparaissent avec toute la force de leur présence dans l’espace visible de cette œuvre picturale originale.

 

Difficilement assignable à un temps historique donné, même si les sources (romantisme allemand, impressionnisme français et encres chinoises) se laissent deviner sous la trame des pinceaux, ce travail relève néanmoins principalement et incontestablement de la « Profonde Mémoire ». « Mémoire » d’une nature encore vierge de toute présence humaine, « Mémoire » également qui, sans l’ombre d’un doute, fait appel à la trouble transparence de l’intemporel, enfin et surtout, « Mémoire enfouie » et oubliée des « Abîmes de l’Etre ».

 

Si on semble pénétré par une surprenante impression de calme profondeur et de souveraine vacuité en face de ses encres, c’est que tout simplement elles ne sont que le reflet des brouillards qui baignent la clarté du soleil des montagnes de Chartreuse, et de l’immense rigueur qu’exige cet art du vide.

 

Ces aquarelles, ces encres et ces peintures sont nourries des saisons, du silence et de la vie simple. Elles sont l’image de la contemplation des arbres solitaires, des chemins obscurs de la forêt, du murmure de l’eau, des sources rocheuses, elles évoquent, en un lointain écho, l’invitation à la « vision nue et sans image » que proposa en son temps Ruysbroek l’admirable (1293-1381) :

 

« Dans cet abîme insondable de la Simplicité, toutes choses sont embrassées dans la béatitude. Mais l’abîme lui-même ne peut être embrassé par rien si ce n’est par l’unité essentielle.

 

C’est en lui que doivent se résorber tout ce qui vit, car il n’y a ici que repos dans l’embrassement du flot de l’amour… C’est là le ténébreux silence… »
« Les hommes éclairés, d’un libre esprit, sont ravis plus haut que la raison, jusqu’à la vision nue et sans images. C’est là que l’unité divine appelle éternellement et avec une intelligence nue et vide d’images, elles dépassent toutes les œuvres, toutes les pratiques, toutes les choses enfin, et atteignent au sommet de l’esprit. Là, leur intelligence nue est entièrement pénétrée d’éternelle lumière comme l’air est pénétré par la lumière du soleil. La volonté nue et ravie est transformée et pénétrée par l’amour sans fond comme le fer par le feu. Et la mémoire nue et ravie se sent enclose et établie dans un abîme sans formes. »

 Ruysbroek l’admirable

Les noces spirituelles

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Une réflexion sur “À propos

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